Om Rimes familières
Ã. M. L. J. C. Te souviens-tu de la tonnelle Où nous déjeunâmes si bien ? De l'étincelante prunelle De la servante, et de son chien ? De l'omelette savoureuse ? De notre langage indiscret ? De la route au soleil poudreuse Et des chênes de la forêt ? En déjeunant, la Poésie Fut le thème de nos discours, Et le goût de cette ambroisie à ma lèvre est resté toujours. Pourquoi ? je ne saurais le dire, Mais c'est un fait; pour mon malheur, Je souffre à présent le martyre Qui s'attache au flanc du rimeur. Je suis prisonnier de la Lyre; Apollon s'est fait mon geôlier. Si rien ne calme ce délire Je deviendrai fou à lier ! C'est toi, méchant petit gavroche, Qui m'as fait ce cadeau fatal ! Ah ! que n'es-tu sur une roche Resté dans ton pays natal Où l'huile vierge mais épaisse, 3 L'ayoli prompt à revenir, La brandade et la bouillabaisse Auraient bien dû te retenir ! Mais non ! c'est trop d'ingratitude ! Pardonne à mon esprit pervers. Entre nous, c'est la solitude Qui m'a mis la tête à l'envers. Tu ne seras pas responsable Si mes vers me sont reprochés; C'est moi seul qui suis le coupable Et je t'absous de mes péchés. Ou plutôt je te remercie: Tu m'as ouvert un coin des cieux. Sache-le bien: la Poésie Est ce qui console le mieux.
Vis mer