Om Les aventures de Rocambole IX
Ce criminel à qui était dévolu l'office de bourreau avait un type étrange. C'était un homme de quarante ans, sec, maigre, aux traits anguleux, mais dont la charpente osseuse annonçait la constitution vigoureuse et presque herculéenne. Non point que la force soit nécessaire pour appliquer le knout. Il est des bourreaux qui frappent à tour de bras ; ils sont moins à craindre que d'autres. Donner le knout est une véritable affaire d'adresse. Le knout est un fouet : semblable à celui des postillons qui conduisent à l'allemande. Le manche est très court ; la lanière est très longue et se termine par une mèche de cuir bouilli qui, séché ensuite dans le four, devient dur et tranchant comme la lame d'un rasoir. Cette mèche se ramollit bien vite, et le bourreau la change tous les trois ou quatre coups. Le bourreau habile trace du premier coup une croix sur le dos du patient. Il a la permission de frapper sur les reins, sur le côté droit, sur les épaules, mais non sur le côté gauche. Un coup frappé à la hauteur du cœur pourrait amener la mort. Celui que la femme blonde contemplait en ce moment était donc un homme d'environ quarante ans. À le voir sur le seuil de la prison, immobile, les narines dilatées, aspirant l'air à pleins poumons, promenant comme émerveillé un regard d'envie sur la foule, on devinait bien vite que le supplice lui était indifférent, que ce qui excitait en lui cette joie sauvage qui brillait dans ses yeux, c'était cette heure de soleil et de liberté dont il allait jouir.
Vis mer