Om Le Comte de Chesterfield
" Le château de Bretby, dans le Derbyshire, renfermait, en octobre 1725, deux personnages fort dissemblables: un vieillard austère et morose étendu sur son lit de mort, et un jeune courtisan, son fils, qui venait recevoir les derniers soupirs paternels. Ils s'étaient toujours mutuellement détestés, et l'on ne peut guère imaginer de caractères moins sympathiques. Le vieux comte (earl), défiant et ombrageux, ne voulant jouer aucun rôle à la cour ou dans le monde, avait réfugié sa sauvage humeur dans ce domaine antique où l'orfraie, le hibou et le corbeau tenaient depuis longtemps leurs assises 2, et que le fils dépeint de couleurs si lugubres, tout en racontant gaiement l'agonie paternelle. Vous ne pouvez, écrit-il à la belle mistriss Howard, la femme à la mode de ce temps, vous ne pouvez rien imaginer de plus odieux que ce donjon qui par malheur, n'est pas encore à moi, et qui est horrible : il me fait l'effet de l'enfer. Mon père, là-bas, pousse des hurlements effroyables, et tombe dans des convulsions auxquelles personne ne survivrait que lui ; les oiseaux de mauvais augure mêlent leur voix à la sienne, et le peu de figures humaines qui m'approchent sont des figures de damnés. Ma foi ! j'ai beaucoup d'admiration pour ma piété filiale, je suis aussi estimable qu'Énée..."
Vis mer